Au commencement

Une bloc de rue dont le coeur est personnalisé par cet orchestre que la foule suit en rythme à toute heure de la journée.

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Bon, pour entamer cette étude je vous expliquerai, brièvement, la raison de cette focalisation sur le carnaval brésilien.

Tout part d'un voyage en Amérique Latine d'à peu près 6 mois. Ne souhaitant pas seulement vadrouiller j'ai décidé de réaliser un documentaire sur "La musique comme ciment social". Après une demie-année d'aventure, de nombreux rush et quelques photos potables, je ne savais plus trop où j'en étais de ce projet.

En rentrant j'ai entamé un Master en Etudes Politiques à l'EHESS et commencé à préparer un mémoire de philosophie sur la reconnaissance sociale. Ne voulant pas que tout ce beau matériel documentaire disparaisse dans un simple disque dur ressorti exclusivement pour le plaisir des bons souvenirs, j'ai tenté de le rattacher à mon sujet. Si la reconnaissance sociale est un processus social auquel nous sommes quotidiennement confronté, quels en sont les mécanismes dans le carnaval?

Tout mon propos tiendra à montrer que la reconnaissance y est bien différente des schèmes évoqués par Axel Honneth, l'auteur que j'étudie. Il distingue exclusivement la reconnaissance selon les catégories de l'Amour (relations de couple, amitié, famille), du Droit et de la Solidarité (travail, culture). Selon moi, cette tripartition ne suffit pas à cerner les phénomènes de reconnaissance "en dehors" du système (je reviendrais sur cette notion). Le carnaval fait, à mon avis, parti de ces pratiques sociales qui divergent de la reconnaissance honnethienne.

Mon mémoire s'attaque à la compréhension des mécanismes d'interactions au coeur de ces pratiques en partant de processus de "reconnaissance". Je ne vous parlerais pas ici de tout cela même si je fournirais quelques liens vers les avancées de mon mémoire (pour les intéressés). Ce blog se veut comme un documentaire. J'y reprendrais mon matériau de "terrain", photos et vidéos qui, orienteront et feront écho à mes recherches.

C'est donc une forme de documentaire filé, diffus mais cohérent que je vous propose ici. Si je m'attarderai essentiellement sur le Carnaval et son fonctionnement, je le confronterais à d'autres formes de pratiques artistiques sud-américaines pour mieux appuyer sur ses particularités.

J'ai découvert dans le carnaval de rue brésilien un immense potentiel de sociabilité, un modèle d'alternative culturelle et un engagement politique "autre". J'espère pouvoir vous faire voyager et suivre le chemin de cette magnifique foule compacte!

Carnaval de Rio, Février 2012, Quartier de Santa Teresa : Il y avait parait-il plus d'un million de personnes dans ce "bloco", il était 10h du matin, le troisième jour du Carnaval.